Fragan Valentin-Leméni, adjoint à la Promotion de la santé physique et psychique, et réduction des inégalités de santé, à la Ville de Brest.
Le Contrat Local de Santé constitue un espace où élu.e.s, agent.e.s des collectivités, expert.e.s, actrices et acteurs du Pays de Brest peuvent partager connaissances, expériences, interrogations, compétences, et mener des actions de prévention à travers le territoire, mutualisant ainsi ressources et moyens.
La collaboration sur différents projets
C’est à travers cette démarche que le CLS, la Ville de Brest et le CHU collaborent depuis plusieurs années pour organiser en novembre le Mois sans tabac sur le territoire de la « Cité blanche ». Conformément à notre volonté commune de participer à la réduction des inégalités d’accès aux informations de santé et aux soins qui touchent en particulier les habitant.e.s en situation de précarité, ce dispositif repose sur la démarche du « aller vers » en se déployant dans les quartiers prioritaires et devant les structures d’accueils de ces publics.
Les jeunes constituent également un public à besoins de santé spécifiques, en particulier dans le domaine de la santé mentale et du bien-être. Elles et Ils sont en effet les premières victimes des conséquences de la crise covid et des différents confinements. Et les premières victimes des inquiétudes de notre temps : l’écoanxiété qui résulte de la prise de conscience des conséquences du dérèglement climatique, y compris en Bretagne ; la stupéfaction face l’irruption de la guerre en Europe ; mais aussi, individuellement, des questionnements existentiels plus personnels mais tout aussi légitimes, comme la quête de sens notamment professionnel ou encore la recherche de son identité de genre, et qui peuvent parfois déboucher sur des situations de souffrance. Ces anxiétés sont encore plus prégnantes lorsqu’elles s’associent à une situation de précarité, de difficulté d’accès à la formation, à l’emploi ou à un logement. Or, les inégalités sociales de santé démarrent et se creusent dès le plus jeune âge et conditionnent l’espérance de vie en bonne santé.
Et cette souffrance psychique impacte également leur santé globale. Elle peut avoir un impact sur leur santé physique, leurs santé affective et sexuelle, sur leur santé sociale, et bien évidemment sur leur avenir. Depuis le début de la crise les cas de phobies et d’échecs scolaires et de décrochages se sont multipliés, menaçant l’avenir de ces jeunes.
Face à ce constat alarmant, le Conseil Local de Santé Mentale piloté par la Ville de Brest et ses partenaires associatifs et institutionnels, dont le CLS, ont décidé de mettre en place une commission pour travailler ensemble pour répondre à cet enjeu urgent de santé publique. C’est dans ce cadre que le Contrat Local de Santé a déployé sur Brest la formation « Santé mentale Jeunes : accompagner les jeunes et contribuer à un environnement favorable à leur santé mentale », centrée sur l’acquisition des compétences psycho-sociales, en direction des acteurs et actrices du territoire (éducation nationale et populaire, solidarités, intervention sociale), qu’elle avait déjà mise en place dans d’autres EPCI du Pays de Brest.
Favoriser la participation citoyenne
La politique de promotion de la santé menée par la Ville de Brest repose sur deux axes : la réduction des inégalités sociales de santé, mais aussi la promotion de la citoyenneté de santé. Celle-ci repose sur une prévention par l’information ou la sensibilisation menée directement par les pairs (jeunes, LGBTI+, habitants des quartiers, patients-experts…). Moins stigmatisant ou moralisateur, le message de santé peut être transmis plus facilement. Le préalable de cette démarche est la valorisation ou l’acquisition de savoirs, savoir-faire et savoir-être, dans le domaine de la prévention en santé et la médiation sociale, par les actrices et acteurs, bénévoles ou professionnel.le.s de terrain et des habitant.e.s. Cet enjeu de participation citoyenne est également privilégié pour la prévention secondaire et tertiaire, en soutenant les actions menées par des patients experts et des associations de malades. En somme, la citoyenneté de santé permet à chacun.e de s’approprier les grands enjeux de santé publique afin de devenir actrice et acteur de sa santé et de celle des autres. Individus et structures peuvent ainsi à leur tour diffuser auprès des publics qu’ils côtoient, accueillent et accompagnent, les messages et bonnes pratiques de santé. Elles et ils élaborent en autonomie des actions de prévention ou d’éducation à la santé sur le long terme, mais aussi repérer et orienter les personnes en souffrance.
Dans le même objectif, la Ville a également renforcé la mise en réseau de nos partenaires associatifs et institutionnels, œuvrant directement dans le champ de la santé ou souhaitant bâtir des actions de prévention (social, éducation « nationale » ou populaire, services de la Collectivité, commerce de proximité…). Ces collectifs ou conseils sont des espaces de partage des savoirs, des expérimentations, des témoignages, et faire culture commune, mais aussi de co-construction d’actions de promotion de la santé. Le Conseil Local de Santé Mentale et le Collectif Santé Sexuelle et Affective sont les cadres de cette démarche. Notre participation au Conseil de l’Alimentation durable, au Collectif Isolement Précarité et à l’organisation du comité-citoyen de l’Université Citoyenne de Prévention en Santé va dans le même sens. A l’échelle du Pays de Brest, c’est le CLS qui constitue cette agora de la santé.